Désordre (identitaire) approprié

Photographies argentiques, 297 × 420 cm


Rien n’est abandonné au hasard, le tout est une évidence, 
dans un univers pluriel dévoilé.


« Choisis un endroit […] et mets-toi à y penser comme s’il t’appartenait. Assumes cet endroit comme si tu en étais responsable. […] Embellis-le. Penses-y comme à une extension de ce que tu es, comme à une partie de ton identité. »
Sophie CALLE,
Extrait du Gotham Handbook.

Cette citation me devient indispensable et je ne peux la dissocier de mon projet car elle reflète mon intention, l’investissement du lieu que j’ai choisi, mais également la personnalité, la sensibilité qui m’est propre et que je souhaite transmettre en envahissant cet « endroit », qui m’appartient.
Je décidais de choisir un cadre que je pourrais totalement investir, un lieu qui m’est propre et cher.

En balayant mon appartement des yeux, mon regard s’arrête sur ma table de travail. Ou plus précisément dessous.
Si le dessus de mon bureau représente le lieu où j’ordonne, organise et applique mes idées, le dessous symbolise le lieu où celles-ci prennent vie, foisonnement abstrait bientôt matérialisé. Créativité brute. Lieu du visible.
Mise en scène permettant la retranscription de mon dessein en un visuel... 
En relisant l’Esthétique Généralisée de Roger Caillois, je redécouvre un passage qui élargit mes horizons et m’entraîne à éclaircir et perfectionner mon futur agencement.

« L’imaginer désormais, surtout par le procédé du collage, en juxtaposant des éléments empruntés isolement à des ensembles innocents, s’ingénier à inventer des rencontres saugrenues d’objets disparates. »
Roger CAILLOIS,
Extrait de Esthétique Généralisée.

Voici ma scène, celle que je désire envahir et faire évoluer par le biais de la narration.
Le décor est planté et exposé à la seule spectatrice que je suis.
Je prends ma photographie, le rideau se lève.





Un acte. Je trouble le figé. Certains éléments sont en mouvement et rompent leur lien originel avec les autres. Ils sont vivants, acteurs. Ils entretiennent maintenant une toute autre relation avec ceux restés immobiles. Ici, l’expérimentation du flou donne une nouvelle apparence aux objets. Notre regard distingue et comprend un sens original du lien.





Pour cette prise, le zoom est utilisé comme révélateur d’une partie de l’image. Cependant, la compréhension de celle-ci est faussée par un élément, un évènement antagoniste. Cette grille au premier plan apparaît comme un obstacle, incompréhension d’un passage. Notre vision est obstruée, la situation insaisissable.





L’imprévu(e) dans l’histoire – Petite anecdote.

L’inattendu(e) est survenu(e). Ma chatte, spectatrice intriguée à mon affairement, s’est immiscée à mon installation et l’envahit de manière à s’intégrer, tout naturellement, à la composition.
J’y vois comme un personnage inédit, qui crée (activement) sa propre relation avec les objets environnants, une péripétie à mon histoire. Je deviens alors spectatrice d’une spectatrice devenue actrice.




« La photographie est le lieu du jamais plus. Comme ça et pas autrement, une fois pour toutes, ce que jamais on ne verra deux fois. »
Jean Claude LEMAGNY



« L’extraordinaire nous attire un instant, la simplicité nous retient plus longtemps, parce que c’est en elle seule que réside l’essentiel. »
Garry WINOGRAND




« La photographie est une brève complicité entre la prévoyance et le hasard. »
John Stuart MILL


Arrêt sur image, focus sur un détail du récit, une alliance contrastée. 
Ce n’est plus l’ensemble photographique qui crée la narration, mais l’image unique, le précieux détail qui rythme l’instant.




« L’œil écoute l’image devenir la matrice d’une écriture qui s’engendre par assonances et allitérations. Du photographique, nous passons au graphique. »
Olivier BERNARD


Détails d’objets, d’acteurs…













Prolongations collantes…

« Nos habitudes de clarté devront s’y accoutumer : c’est le complexe, l’infini, qui seront devenus fondamentaux parce que plus près du concret. Et à notre contemplation, elle est à voir des mondes incroyables mais vrais. »
Jean Claude LEMAGNY