Le geste, traversée lapsogène

Visuels réalisés après un stage de danse contemporaine « Les Journées Impériales », installation/performance pour 3 interprètes et 40 invités (association WOO). 
Centre Chorégraphique National d’Orléans.

Livre au format « tabloïd », images/séquences photographiques choisies, extraites d'une vidéo. 
Montages, écrits, dessins.


« Ce qui fait groupe
Ce qui fait masse
Ce qui fait corps
Ce qui fait un. »
WOO


Le geste, par l’hésitation, la digestion, l’acceptation...

Préambule

En dehors du sentiment, la pudeur est également une attitude, au contraire du phénomène d'expansion mais qui s'exprime physiquement par le retrait, la rougeur...
La notion de pudeur se définie ici dans un contexte bien précis, un stage de danse. J'appréhende, moi, mon corps et moi, mon corps par rapport aux autres. Il me faudra dépasser la réserve, la pudeur du geste en tant que politesse. On nous inculque enfant à désapprendre la compréhension du monde par le touché, à avoir une certaine retenue. Pour cette expérience, le phénomène est inversé, il s'agit d'oser passer par le touché pour connaître l'autre.
L'instant où l'on s'affirme en tant qu'entité et où l'on accepte véritablement l'échange avec l'autre pour créer l'unité. Lâcher ce côté identitaire pour rester uniquement sur le palpable, mais tout en gardant sa singularité, électron essentiel dans la masse.
Laisser le corps évoluer, la pudeur tombe et de l'acceptation se dégage le détachement de soi, la sublimation.


A posteriori

Après le vécu, la digestion de l'expérience faite, je la prolonge et me l'approprie davantage, encore par le geste, le geste d'écriture, solitaire et intime. Je dissèque la vidéo image par image pour extraire ces instants de pudeur, de basculement et de communion. J'explore à travers l'image statique les différentes étapes qui mènent de la redécouverte et l'affirmation de soi, jusqu'au moment où l'on décide que son propre corps devient juste corps-matière. Le mouvement même est pensé comme puissance d'extraction.
La danse n’est pas une invitation à danser. C’est un oubli. On vit nécessairement dans un corps. 
Mais ce corps est aussi participation et ouverture. Ce corps bouillonne de désirs et d’intentionnalités.
Il est médiation. Tout comme l’écriture, le dessin, la danse c’est «l’éprouvé» qui s’exprime.

Le pas sera le dessin, le trait apposé. La chorégraphie sera orchestrée sur la page, et la finalité entre vos doigts, objet livre à manipuler.

« La danse se lit comme un livre, en suivant du regard et de l'intellectation les caractères disposés sur la page de la scène. Ici, les caractères sont des corps, et on sait que le corps d'un caractère mesure sa taille : depuis le sommet des lettres montantes jusqu'à la base des jambages inférieurs. Jambages pleins et déliés, corps gras et corps maigres, le texte chorégraphique s'écrit sur la jointure d'un poignet, la cambrure d'un rein, la fuite d'une ligne, sur l'envol d'une spirale, le froissement d'un volume ou la nervure d'un intervalle. »
Stéphane MALLARME