Charlotte, actualités, appropriations






Affiches à vivre

Photographies numériques,
Dans les rues d'Orléans.


"Affiches à vies, affiches à vivre.
Afficher des vies.
Signes mystérieux, défrichés, devenus indéchiffrables, affiches fauchées, interprétables.

Voisinages étranges,
Co- et contre-ententes.
Rupture.
Imaginaire…"

De vos yeux peu soucieux, indifférents curieux, ébahis, subjugués et/ou choqués, séduits, attentifs, révoltés, incriminants, […] puis pris d’un élan.
De vos yeux avides et de vos mains excitées…

Le temps passe – effacement.
Furtivement, les regards aussi.
Nostalgie…

« La lacération est un non, un non créateur. »
Villeglé





















Je lui écrirai bien cette lettre

Je lui écrirai bien cette lettre, à elle. Mais le sens commun me l'interdit.
Je lui écrirais bien ce que je pense d'elle, surtout lorsque je nettoie mes chiottes.
Que je ne comprends pas, ne saisis le comment, le pourquoi...
Je ne comprends pas comment, tout d'abord, elle a pu devenir prof. Ou si, mais prof de mathématiques à la rigueur. Rigueur, même stérilité qui la caractérise. Elle se pavane davantage lorsqu'elle est détestable, ça lui donne plus de cachet, d'allure et ça la rend plus forte, plus présente.
Tant de personnes l'admirent, elle a sa petite notoriété, et un charisme en valeur ajoutée... Elle a un œil, certes, il faut le reconnaître, mais infertile. Ses disciples, elle les choisit. Elle observe, ajuste et enfin formate.
Ses disciples sont les félicités, parce qu'elle le vaut bien.
Tant de personnes la haïssent, pourtant elle semble, indétrônable, indécrottable.
Elle est là depuis si longtemps, elle a fait ses racines, et tout ce qu'elle voit, touche, tout ce qui est à ses alentours doit avoir un arrière goût de sa condition.
Elle ne partira pas, elle cotise.
On ne peut lui enlever cette qualité, elle est robuste, inusable, un nuisible. Oui tiens, tout comme ces moustiques qui piquent nerveusement les doux soirs d'été. On est frustré mais bien obligé de se donner une claque pour l'avoir, au sens de faire taire.
Elle n'a aucune pédagogie.
Elle se veut partisante, de gauche.
Elle roule en X.
Elle est féministe.

Un Chapeau

Un Chapeau,
Qu’y mettrions-nous à l’abri ? Qu’y cacherions-nous ?
Une vie, une façon d’être ? Une reconnaissance ? Un trait de caractère ?
Un soleil dans les yeux ?
J’y vois peu…
Des épaules. Voilà ce qu’on y voit, caricaturales, démonstratrices, ambassadrices d’un instant, d’une présence. Fière, forcément, parce-qu’originale.
Des oreilles, un nez, une main portée de trop près à la bouche. A une cigarette, de trop près fumée, à un bouton de chemise, une chaîne, une identité ?
Un port, un port de bras, de chapeau.

Un chapeau de maître, une acceptation antinomique à la Vie. Applicable, dur, surréelle.
Moitié homme, moitié femme. Emprunt d’un tout. Peter Pan, impartageable. Sous le chapeau, sous le crâne, sous l’émoi.
Une main tendue vers l’immesurable. Une clef donnée pour « un » monde, que lui seul peut parcourir, parce-que lui seul en connait les chemins, les raccourcis, les nids de poules.
Ces poules.
« Je ferais d’elle la Reine de sa destinée », écrit-il…
A elle, à elle…
Il pense, il croit, il accroit. Mais se perdrait-il dans les méandres de mon propre aliénage ? Labyrinthe ?
Oui, je crois. Hier, je l’ai vu, oui dis-je, je t’ai vu, comme un étranger, loufoque, un moi sauvage.
Esprit tourmenté observant ce que je suis, ce que je vis, sans que moi-même j’ai la possibilité d’y voir, ni l’envie, parce-que j’y vois trop. Parce-que trop « moi » aux racines. Déracinez-moi.
C’est une emprise exubérante, au-delà de mes moyens. Un non-contrôle que j’accepte, parce-que malgré moi.
Cette force, que tu dis…. En toi, en moi.
Tienne. Eclabousses-moi en.
Affrontes-moi….

Le temps

Le temps. Ne serait-ce que dépourvu, le temps qui passe, toutes les secondes, les minutes, et ces heures… 
A coup de noir la nuit venue, à coup de « Charlotte » le jour venu. Le soleil. Il m’assomme.
Foutu temps, auquel je reconnais être dépendante, et soumise. Ne serait-ce pas plus simple de vivre sans lune, sans soleil, sans nuages ?
Un ciel plus clément, un moral moins assombri. Sans doute. Dois-je le prendre ou pas, ce foutu parapluie ?
Je doute. Enlevez-moi ces œillères, mes intempéries, mes sentiments…

Quand il est saoul

Quand il est saoûl, il se fout de ses problèmes, se met, consciencieusement, et pour un temps, à côté.
A côté de ses pompes. Il s’en écarte, s’extrait de lui-même, se distingue de la Terre, de cet état de conscience, trop lourd. Pompes trop lourdes. Ecrases-merde dont il essaie de se détacher.
Se mettre à côté de ses pompes.

Pour la populace


















L'éveil ou Nature morte

L’éveil ou Nature morte


     “ Nature morte ”dit-on ?

    Dans les langues germaniques, cela se dit : “ Vie tranquille ”;
still life, stil leven, stilleven…

L’expression de la vie par la déconfiture.
C’est vraiment beau, je ne m’en rassasierai jamais.

Pamplemousse, parapluie, flamant rose


“ Pamplemousse,
parapluie,
flamant rose.”

Corrélations :

Un pamplemousse a la couleur du flamant rose, et ouvert, en deux, vu de dessus, il ressemble à l’intérieur d’un parapluie.
    De même, le parapluie ouvert a la forme d’un demi-pamplemousse, et ressemble à un flamant rose aux ailes déployées.
        Enfin, un flamant rose se tenant sur une patte a l’image d’un parapluie fermé. Et si le flamant rose déploie ses ailes, on peut très bien s’en servir tout comme d’un parapluie.


Photos de vacances

22h43 – Séance photos – Vacances au Tréport

Un homme, sa femme – les enfants sont couchés – sa sœur, son mari et ses beaux-parents, Huguette et Yves.
Sur la table de la salle à manger, non loin du canapé, il reste deux parts de tarte Tatin dans le plat. Le Côte du Rhône est fini, on est au digestif. C’est maintenant, ils ont été invités pour ça. La fameuse soirée « photos de vacances ». Mamie a des renvois, pas de cognac pour elle, l’infusion fera couler. Vite. Les photos de ses petits enfants…
C’est parti pour deux plombes.


*  *  *


“ L’arrivée au Tréport, la vue d’en haut. Jean-Michel a conduit trop vite, comme toujours. ”
     “ Meuh nan ! ”
“ La petite a vomi, comme toujours, et le chien a pissé sur la banquette du siège, encore. ”
     “ La photo bancale prise par Odile à travers le part brise : « Le Tréport, ville fleurie deux étoiles. ”
“ Là c’est l’hôtel (deux étoiles quand même), Le Saint - Yves ”, petit clin d’œil à papi.
     “ La chambre, bien, avec la salle de bain. On a ramené des savons.”
“ La plage, pas facile de marcher sur les galets, on y est retourné à marée basse, c’est mieux, vous verrez.”
“ Le restaurant. ”
    “ La marmite de moules, avec les frites bien sûr, très bonnes les frites. ”
“ Le lendemain, la place du marché. ”
    “ Odile devant les courgettes. ”
“ Le Port, avec les bateaux et les pêcheurs. ”
    “ Pis les cageots de poissons. ”
“ Les filles avec les poissons.”
        “ Comme elles sont mignonnes ! ”
            “ Sont beaux ces poissons, on n’en pêche pas des harengs par ici. ”
“ Ah ! vous voyez y a du sable. ”
“ Le premier bain de mer des enfants, avec les bouées, la petite a bu la tasse. ”
“ Les falaises, c’est beau, y a comme des petites grottes. ”
    “ Oui mais y a plein de papier toilette… ”
“ Le troisième jour, le concours de châteaux de sable. Il est chouette hein ? ”
    “ Là y a une tour qu’est tombée, à cause de la queue du chien. ”
    “ Le chien. ”
“ Une saurisserie. ”
    “ Moi devant les harengs. ”
“ La petite visite culturelle, on a fait deux musées dans la même journée ! ”
“ Le musée du Vieux Tréport. ”
“ Les costumes de bains d’avant. ”
        “ On voyait moins de chair tout de même ! ”
“ Des belles maquettes de bateaux et plein de nœuds de cordes. ”
            “ Ah oui… ”
“ Le musée de la poupée .”
    “ Des poupées. C’était pour les filles, moi j’ai pas trop aimé .”
“ Le soir, le restaurant. On a pris du poisson. ”
    “ De la sole. ”
    “ Ça c’est le quatrième jour, on a pris le... Le truc qui monte en haut de la falaise. ”
“ Le funiculaire. ”
     “ Oui le funiculaire. ”
“ En haut de la falaise. ”
    “ Et c’est là haut justement .”
“ Là c’est juste avant. J’ai eu mon malaise là. Je pensais que c’était la hauteur .”
“ Pis ça faisait deux jours qu’il avait des saignements… ”
    “ Je sais .”
“ C’est à l’hôpital, ils se sont rendu compte pour le polype. ”
    “ Un gros .”
“ Ça a flingué les vacances…”
    “ Attends je vais te montrer .”
“ Avec les filles on s’est quand même promenées…”
    “ J’ai les photos de la coloscopie. ”
“ Avec leur père à l’hosto j’avais pas l’esprit tranquille…”
    “ Vous voyez  ? On voit bien hein ? ”
“ Dans la mer pour les surveiller.…”
    “ Il est gros hein  ? C’est dingue ce qu’on peut voir maintenant. ”
“ Heureusement qu’on a fini de manger ! C’est dégueulasse Jean-Mi ! ”


*  *  *

“ Là, c’est marrant, on dirait un… ”
“ Oui bah c’est bon ! ”
        “ Comme un phonographe. ”
    “ Oui Huguette, j’allais dire la même chose .”
    “ L’intérieur d’un phonographe… ”

Et reprendre la danse

Et reprendre la danse, ma passion, depuis le temps que je me le dis.
Une passion en est-elle une si on ne la pratique pas ? Peut-elle s’amoindrir avec le temps ? Si j’ai laissé tomber, j’espère que le jour où j’essaierai à nouveau, elle saura me surprendre, me reprendre. Que devrais-je retenter ? Pas du classique, pas assez permissif, ni du moderne-jazz, trop léger. Puis je connais déjà.
La danse contemporaine, l’alliance de la rigueur et de la libre expression. De la salsa peut-être. Mais cela se danse à deux. Danser en groupe, oui, car on reste élément essentiel d’un tout, on participe à l’unité comme on peut s’en dégager. Danser en couple, non. Ce n’est pas deux danseurs distincts, c’est un couple. C’est ensemble, c’est attachés, c’est contraignant. C’est contraignant car si je décide enfin de reprendre la danse, c’est justement pour me retrouver, moi, seule. Dans un groupe je peux m’exprimer indépendamment. En couple, en communion tactile avec l’autre, de plus, l’homme, j’imagine que je me sentirais pas libre, en tout cas moins.
Tout comme je préfère marcher, même longtemps, que de m’embarrasser d’un vélo.

Et remettre les vêtements

Et remettre les vêtements que je portais ce jour là.
Le jour où cela est arrivé, ou j’ai ressenti. Cela me semble impossible, inconcevable. Je ne peux pas.
Ce serait revivre les choses, j’imagine, me les infliger, encore. Je me vois dedans. Je vois ce que j’ai éprouvé, ce que je me représente comme étant moi, à un moment précis. Ils sont familiers, ils me connaissent bien car je les mets souvent. Ils se sont intégrés, incorporés, et moi j’intériorise. Ils représentent maintenant l’image de tout ce que j’ai pu vivre au moment où je les ai portés. Seconde peau, ils sont devenus contenant de ce souvenir : ma mauvaise doublure.
Pourtant ils ne sont pas moi, mais j’y vois le moi dont je ne veux plus. Ils ne sont pas mon crâne, ils ne le recouvrent même pas. Ils se sont ligués contre moi, ils sont devenus un ensemble qui me jette à la gueule de la douleur. Ils sont autonomes, vivants, sans moi dedans. Il me faudrait les reporter et y vivre ne serait-ce qu’un instant heureux, les exorciser. Je ne peux diaboliser du tissu. Pourquoi y accorder tant d’importance ? L’enveloppe de l’enveloppe où j’ai ressenti. Du superflu.
Je ne pouvais prévoir, je ne pouvais être nue.