Et remettre les vêtements

Et remettre les vêtements que je portais ce jour là.
Le jour où cela est arrivé, ou j’ai ressenti. Cela me semble impossible, inconcevable. Je ne peux pas.
Ce serait revivre les choses, j’imagine, me les infliger, encore. Je me vois dedans. Je vois ce que j’ai éprouvé, ce que je me représente comme étant moi, à un moment précis. Ils sont familiers, ils me connaissent bien car je les mets souvent. Ils se sont intégrés, incorporés, et moi j’intériorise. Ils représentent maintenant l’image de tout ce que j’ai pu vivre au moment où je les ai portés. Seconde peau, ils sont devenus contenant de ce souvenir : ma mauvaise doublure.
Pourtant ils ne sont pas moi, mais j’y vois le moi dont je ne veux plus. Ils ne sont pas mon crâne, ils ne le recouvrent même pas. Ils se sont ligués contre moi, ils sont devenus un ensemble qui me jette à la gueule de la douleur. Ils sont autonomes, vivants, sans moi dedans. Il me faudrait les reporter et y vivre ne serait-ce qu’un instant heureux, les exorciser. Je ne peux diaboliser du tissu. Pourquoi y accorder tant d’importance ? L’enveloppe de l’enveloppe où j’ai ressenti. Du superflu.
Je ne pouvais prévoir, je ne pouvais être nue.